Lorsqu’un Dominicain se met à parler de la règle du célibat !

Né en 1945, François Bœspflug a opté subitement, au cours de sa scolarité d’élève-ingénieur, pour la vie religieuse au sein de l’Ordre des dominicains, en 1965. Pourquoi ?

Il l’a quittée cinquante ans plus tard, en 2015. Pourquoi ?

Il n’accuse ni ne dénonce, mais raconte ce qu’il a vécu, et réfléchit à partir de son expérience. Car ce parcours est un condensé de problèmes des communautés chrétiennes d’aujourd’hui : individualisme chronique et homosexualité militante de certains clercs, en particulier parmi ceux qui ont quelque pouvoir, manque d’estime des milieux catholiques pour la réflexion théologique, absence de débat sur des questions comme le célibat obligé des prêtres et le rôle des femmes dans l’Église, etc. Autant de problèmes qui mettent trop souvent les jeunes prêtres en difficulté, puis en situation de double vie, double langage, et finalement de mensonge. Avec le risque pour l’Église de sombrer à terme dans l’insignifiance.

Mais l’auteur s’interroge aussi, sans tricher ni se donner le beau rôle, sur son itinéraire intérieur, son rapport à la prière, à Dieu, à l’amour, à la sexualité…

Son livre est une bouteille à la mer, publié dans l’espoir de réveiller le débat sur des questions qui intéressent, au-delà du catholicisme en France, la vie de la société et la laïcité elle-même.

« Le célibat ecclésiastique ne profite (spirituellement, affectivement, intellectuellement, socialement) qu’à une infime minorité d’entre eux [les prêtres], et encore ai-je l’impression que ce n’est vrai que de manière exceptionnelle et provisoire, le temps d’une probation consentie, d’un retrait hors la grande ville, d’un effort spécial, d’une maladie ou d’une épreuve d’une autre sorte.
Hormis ces cas, dont j’admets volontiers que toujours il y en aura, il me paraît de plus en plus absurde de croire que les Occidentaux mâles de notre temps, fussent-ils remplis de l’amour de Dieu et du prochain, soient en état de s’engager à vie dans une forme d’existence aussi peu naturelle et équilibrante que la continence, supposée perpétuelle, liée au célibat.

Donc je suis partisan, non sans réflexion mais sans la moindre hésitation résiduelle, de la levée de l’obligation formelle, durable et généralisée, et par conséquent pour le retour, en ce domaine, au libre choix, quitte à diversifier les engagements et à inventer des vœux de célibat temporaire (un an, deux ans, trois, cinq, dix ans, chaque durée étant renouvelable) publiquement prononcés. »

François Bœspflug