Dans notre ouvrage « Des compagnes de prêtres témoignent » ,vous avez déjà trouvé un article sur cette question.
Voici la réflexion de Jean L’Hour, un toulousain.
L’ épidémie de pédophilie dans l’Eglise (dont nous ne savons sans
> doute pas encore toute l’étendue) et l’omerta qui l’a couverte – et
> continue encore de la couvrir – à tous les échelons de la hiérarchie
> donnent la nausée. Il est probable qu’on n’ait pas fini d’en payer le
> prix…
> Beaucoup mettent en cause, et avec raison, la loi du célibat des
> prêtres qui les rend plus vulnérables à ces débordements criminels[1].
> Plus largement, on souligne aussi la peur viscérale de la sexualité
> dans l’Eglise et les conséquences qui en découlent dans la formation
> des prêtres. Plus fondamentalement encore sans doute faut-il
> incriminer la conception sacrale du sacerdoce et de la vie religieuse.
> Contrairement à ce que dit St Paul de l’égalité de tous dans la
> diversité et la complémentarité des ministères (1 Corinthiens 12), la
> réalité est que tous les chrétiens ne sont pas égaux dans l’Eglise.
Et cela tient d’abord à la sacralisation du ‘sacerdoce ministériel’. Il y
> a, d’un côté, les ‘consacrés’ (voire les ‘sacrés’ pour les évêques)
> auxquels sont assimilés les religieuses et les religieux, et, de
> l’autre, les laïcs, lesquels ne sont donc ni ‘sacrés’ ni ‘consacrés’.
> Aberration absolue. Tous les baptisés, je dirais même tous les
> humains, sont également ‘sacrés’ aux yeux de Dieu.
L’ordination sacerdotale est l’habilitation à exercer un ministère particulier au
> service du sacerdoce du peuple chrétien, et non une mise à part de ces
> ministres à côté ou au-dessus de la communauté. La notion même de
> ‘caractère’ (définitif, inaliénable, indélébile) attachée à
> l’ordination des prêtres doit sans doute être remise en question car
> elle induit l’idée d’une différence de nature et pas seulement une
> différence de fonction entre les ‘prêtres’ et les laïcs. Le Concile
> Vatican II avait bien souligné la priorité fondamentale du sacerdoce
> des fidèles, mais on est encore loin d’en avoir tiré les conclusions.
> Il paraît évident que le caractère ‘sacré’ attribué aux prêtres
> ordonnés leur confère, aux yeux des fidèles, un pouvoir ‘surnaturel’
> quasi magique qui n’est pas sans conséquences sur la perception qu’en
> ont les fidèles. Les ‘prêtres’, ayant intériorisé ce pouvoir qui leur
> vient d’en haut, courent naturellement le danger d’en abuser au nom
> même de ‘Dieu’. Quant aux fidèles, ils sont tout aussi naturellement
> enclins à s’incliner. La vulnérabilité de nombreux chrétiens et
> particulièrement des enfants face aux prêtres et aux religieux en est
> la triste illustration. Le ‘cléricalisme‘ que fustige le Pape François
> n’est pas un simple abus de pouvoir ordinaire, mais il a ses racines
> dans le ‘caractère’ attaché à l’ordination sacerdotale.
>
> Il convient donc, à mon humble avis, de ‘désacraliser’ le prêtre,
> ainsi que les religieuses et les religieux, au bénéfice de leurs
> fonctions, ou bien, ce qui revient au même, de reconnaître comme
> également ‘sacrés’ tous les chrétiens et tous les humains. Vatican II
> avait ouvert la voie, mais beaucoup reste à faire pour sortir de
> l’impasse païenne et magique du ‘sacré’ qui pollue les mentalités et
> les institutions.
>
> Jean L’Hour, Toulouse
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PS. Il nous semble qu’il faudra aller encore plus loin.
On a répandu l’adage « Le prêtre est un autre Christ » « Sacerdos alter Christus ».
Quel est le prêtre qui peut honnêtement aujourd’hui se présenter en chaire
et dire à ses paroissiens :
« Mes frères, je vous l’annonce : je suis le Christ » !!!
Au moins ce serait clair !
J’espère que beaucoup se lèveraient et sortiraient en se disant :
ça lui est monté à la tête !!!! Il délire !
Mais allons plus loin.
Qu’est-ce qui fait percevoir le prêtre comme un homme particulièrement sacré ?
Je vous laisse chercher !…
Il est celui qui fait d’un bout de pain le corps de Jésus. C’est du moins comme cela qu’on nous le présente.
C’est ce qu’on nous répète.
Alors il faut commencer par réfléchir à cette proposition.
Cette parole est-elle à prendre au premier degré ?
Nous y reviendrons.