Le Synode sur l’Amazonie a été une merveilleuse occasion d’entendre les voix et les besoins des catholiques. Cette rencontre spéciale a été consacrée à l’Église d’Amazonie, où la foi est vivante et où des hommes et des femmes catholiques sont courageusement à la recherche de nouvelles manières de vivre l’Évangile et de servir la dignité humaine. Ce synode a été reçu comme une promesse de renouveau concret pour toute l’Église catholique.
De nombreuses questions nouvelles ont été accueillies et discutées au cours du synode. Le document final contient des réponses concrètes à ces questions et donne l’espoir que l’Église en Amazonie est soutenue par la communauté mondiale dans ses rêves et ses luttes. Cependant, il y a une exception majeure : le rôle des femmes dans le ministère de l’Église.
Bien que le document appelle à de nouvelles manières d’impliquer les femmes dans la direction des églises locales, il ne propose pas de prochaine étape concrète. Elle s’arrête avant toute mise en œuvre, alors que dans l’histoire et dans la pratique bien des faits viennent en faveur du diaconat féminin. Aucune autre discussion à ce sujet ne serait nécessaire, juste une simple mise en œuvre à partir du sommet.
La question à se poser est la suivante : pourquoi la proposition très concrète de mettre en œuvre le diaconat féminin n’a-t-elle pas été incluse dans le document final si la majorité des évêques y était favorable ? Les résultats du Synode montrent combien il est difficile pour les responsables de l’Église de saisir pleinement la perspective de l’expérience d’une femme. Lors de la réunion sur la région amazonienne, la majorité des participants a voté que des « hommes aux aptitudes reconnues » peuvent être consacrés dans la région de la forêt tropicale, même s’ils ont une famille. Malheureusement, l’interprétation des femmes à cet égard est la suivante : les femmes ne possèdent pas ces merveilleux « critères viri probati ». C’est inacceptable et c’est un affront pour les femmes de l’Amazonie qui sont déjà diacres et prêtres, et pour les femmes de partout qui ont continué à servir fidèlement, mais ne sont pas reconnues.
Les organisations laïques alliées et les religieuses qui ont participé à la conférence de presse du 1er octobre, La voix de la foi, qui portait sur la campagne pour #VotesForCatholicWomen, ont rappelé que l’exclusion des femmes des membres votants met en péril tout le processus du discernement synodal. Tout au long de l’année, ces groupes unis ont demandé une réunion au bureau du Synode et, à deux reprises, nous avons présenté une pétition demandant des votes pour les femmes membres du Synode. Ces pétitions ont été signées par des catholiques du monde entier. Mais aucun de ces efforts, ni notre conférence de presse ou notre événement centré sur les femmes religieuses avant le synode, n’ont jamais reçu de réponse des organisateurs du synode. Les femmes membres du synode n’ont pas le droit de vote.
Notre message est clair : comment pouvons-nous espérer l’inclusion de l’expérience féminine en Amazonie, si elle n’est pas prise au sérieux dans la structure même du synode ? Aujourd’hui, nous voyons comment l’expérience quotidienne, courageuse et dévouée des femmes qui servent l’Église et qui font le travail des diacres depuis de nombreuses années n’a pas été prise au sérieux.
La commission sur la question du diaconat féminin a déjà été créée, a eu le temps de rechercher et d’interpréter les preuves historiques et leur signification théologique et a remis le rapport résumant leur jugement commun et les opinions personnelles de chaque membre de la commission. Bien qu’ils n’aient pas formulé de réponse définitive, il semble que toutes les preuves historiques nécessaires à la décision aient été recueillies. Le rapport a été remis aux représentantes de l’Union Internationale des Supérieures Générales (UISG), mais n’a jamais été mis à la disposition du peuple de Dieu. Aujourd’hui, les catholiques du monde entier se posent la simple question suivante : pourquoi avons-nous besoin que la commission répète le travail qui a déjà été fait ?
Alors que ce synode touche à sa fin, sans réel changement ni espoir pour le leadership et la participation des femmes à la prise de décision dans l’Église catholique d’Amazonie, nous devons nous répéter une fois de plus, car nous ne resterons pas silencieuses. Les structures du pouvoir dans l’Église sont façonnées par la mentalité patriarcale et les formes historiques de pouvoir connues dans les sociétés féodales européennes. Exclure la voix des femmes dans les processus de prise de décision est injuste et contraire au message le plus fondamental de l’Évangile, où toutes les filles et tous les fils de Dieu baptisés sont un et égaux. L’exclusion de la voix des femmes empêche l’Église de prendre au sérieux leurs expériences et leurs vocations.
Nous n’avons pas besoin de réfléchir à nouveau au rôle particulier des femmes dans l’Église, nous avons juste besoin d’être enfin traitées avec la pleine dignité des membres baptisés de notre communauté.
Note :
[1] Traduction par Régine Ringwald.
Voices of Faith est une initiative mondiale qui, depuis six ans, travaille pour une Église qui valorise ses femmes en tant que leaders, expertes et théologiennes, avec le droit de s’asseoir à la table et de travailler aux côtés de la hiérarchie pour prendre des décisions qui nous concernent tous.