Assemblée du 1er juin 2013 à Paris

Quelques flashes sur la rencontre de Plein Jour à Paris le samedi 1er juin.

24 présents et pas mal d’excusés, mais surtout de nouvelles compagnes et deux jeunes couples mariés de l’an 2012, ce qui est très encourageant.
Nous disons dans lee titres “quelques flashes”. Il est en effet impossible de faire un CR exhaustif d’une rencontre aussi riche, faite d’interventions aussi diverses mais toujours soumise à notre obligation de discrétion. Nous pouvons cependant en extraire quelques données :

Quelques compagnes ont déjà perdu leur compagnon, la différence d’âge aidant quelquefois.

Nous avons écouté ensemble avec beaucoup d’attention :

– Des amours difficiles et pour des raisons très variées.

Lui est moine, par exemple; les rencontres sont rares et il est difficile de se voir hors la présence de quelqu’un d’autre.
Lui est moine, oui,  et en plus il a été élu prieur. Encore plus difficile !

– Des amours qu’on qualifierait d’impossibles (même), tant les retenues de l’un et de l’autre bloquent toute avancée, chacun s’estimant lié par une autre contrainte. Et pourtant l’amour est passé par là ! les rencontres s’échelonnent, malgré la surveillance et la crainte d’être démasqués.

Un amour rejeté brutalement par le prêtre sans aucune explication, qui réduit son amie à un profond désespoir au point d’altérer même sa santé.

– Des amours qu’on pourrait croire platoniques, mais peut-être sont-elles trompeuses. “Je t’aime mais d’un amour chaste”, lui disait-il ! et pourtant la relation est forte de part et d’autre, désirée, attractive et réconfortante !!

– Des amours contrariés. Un jour ce n’est pas lui qui l’a appelée mais son supérieur pour dire : « Il vous aime mais il ne vous reverra plus ». Et en prime : “Ne cherchez pas à le revoir, sinon ses avocats porteront plainte contre vous pour harcèlement (sexuel)”. Réponse courageuse et fière de la compagne   : « Ce n’est pas à vous de me dire cela. Je veux que ce soit lui qui me le dise ». Ils s’étaient quittés un lundi matin, comme tous les lundis matins puisqu’ils travaillaient assez loin l’un de l’autre, avec la perspective de se retrouver, comme d’habitude, le vendredi soir pour le weekend.  Quelle surprise devant une telle hypocrisie ! quelle douleur devant un avenir qui s’annonçait plein d’incertitude ! Mais pourquoi donc le prieur d’un couvent de religieux apparemment adultes se permet-il de parler au nom d’un homme qu’il ne pense qu’à récupérer par tous les moyens, y compris la contrainte physique comme le révélera le futur !

– Des amours stabilisés malgré les conditions incertaines ou particulières : “Il a voulu garder son ministère. Mais nous avons une vraie vie de couple.” Ou encore :”Nous avons chacun notre vie, notre logement mais beaucoup d’activités et d’engagements ensemble; Il est toujours en fonction dans le diocèse mais maintenant à la retraite. ”

– Des amours qui se heurtent à tant d’obstacles : à la sacralisation d’un homme, au ressenti de sa propre culpabilité savamment entretenue, à des règles et des règlements, aux préjugés de familles qui se pensent très croyantes et ne sont que conservatrices, souvent mal informées des attendus de cette règle, à l’immaturité aussi de ces hommes trop conditionnés et trop obéissants au point d’avoir perdu l’habitude de décider pour eux-mêmes  : « il avance, puis recule en permanence, du vrai ping pong ! »

– Mais aussi des amours qui ont franchi tous ces obstacles et ont généré des couples heureux de leur nouvelle situation, sans regret pour leur choix, même si les débuts ont été ou sont encore difficiles : recherche de travail évidemment, mais surtout d’un travail qui s’inscrive dans la continuité d’une vie…

Présence tout à fait inattendue : un adolescent, fils d’un prêtre, s’est exprimé : « Je n’ai pas souffert de savoir que mon père avait été prêtre. Pour moi, c’était naturel. »

Un autre témoignage inhabituel dont nous soulignons l’importance. Un jeune prêtre marié depuis peu et père d’un petit garçon, nous a relaté son parcours difficile avant de quitter le ministère. Son épouse est là et l’écoute. Il nous dit d’abord son saisissement devant l’amour qui surgit, ses efforts pour le repousser, sa lutte contre la culpabilité… Les années passant, il a l’évidence que ce sentiment prégnant l’épanouit et le rend plus proche des autres. Il prend alors la décision d’épouser celle qu’il aime. Son combat prend alors une autre forme : résister à la pression de l’évêque et convaincre sa famille. Plein d’émotion, ce récit est éclairant pour les compagnes. Il leur révèle que le prêtre aussi souffre de l’interdiction d’aimer. En même temps, il leur donne l’espoir d’une issue heureuse avec leur compagnon.

Et aussi le témoignage encourageant de nos amis suisses, d’abord celui de leur propre cheminement personnel qui les a conduit aujourd’hui à une vie très engagée, mais aussi celui de l’Association Zoefra qu’ils dirigent et qui aide les compagnes suisses. Ils y rencontrent des problèmes bien semblables à ceux que nous rencontrons en France, mais avec le soutien, y compris financier, de chrétiens, voire de paroisses même.

Les situations difficiles évoquées ne doivent pas faire perdre cette estime de soi qui demeure la source du dynamisme vital de chacun. Aussi convient-il de revenir souvent sur ces paroles qu’une adhérente n’ayant pu venir à Paris a cependant tenu à nous livrer :

“L’estime de soi est le résultat d’une auto-évaluation. La grande majorité des difficultés dont une personne peut se plaindre (angoisses, timidité, troubles du comportement alimentaire, relation aux autres, déprime) est la conséquence pure et simple d’une estime de soi insuffisante.

L’une des solutions pour faire grandir son amour-propre est l’acceptation de soi-même tel que l’on est ( ce qui ne signifie pas renoncer à évoluer) ; -même???.

S’estimer soi, se faire confiance, s’aimer, ne pas se dévaloriser est essentiel pour bien vivre sa vie et bien vivre avec les autres.

L’estime de soi, c’est de me montrer capable de :

  • · Dire ce que je pense

La relation, vécue dans la clandestinité, engendre des relations sociales faussées puisqu’au regard de tout ou partie de son entourage, la compagne de prêtre est officiellement une « femme seule ».

Cette relation est vécue « au jour le jour », sans aucun projet possible.

La compagne de prêtre pas qu’une amante présente uniquement pour satisfaire les besoins affectifs et sexuels de son ami.

Si le prêtre fait abstraction de l’existence de sa compagne dans sa vie publique, professionnelle, familiale, pourquoi n’aurait-elle pas, elle, la liberté de dire qu’elle en souffre ?

La relation vécue reste précaire puisque, tant qu’il est tenu par le lien de l’obéissance à sa hiérarchie, le compagnon-prêtre peut être amené à quitter son amie du jour au lendemain, par une simple mutation ou autre affectation.

  • · Demander de l’aide sans me sentir pour autant inférieur(e)

Il faut sortir de l’isolement et de la passivité. Ne pas tolérer le mensonge que les prêtres acceptent relève de la dignité des femmes concernées.

En ce qui concerne les questions suivantes, je me base sur mon expérience passée. Sans pour autant raconter ma vie : Michel Taubmann l’avait très bien fait !

Mais il n’avait pas connaissance de l’épilogue…

  • · Me donner le droit d’être heureux(se)
  • · Savoir que je peux survivre à mes malheurs

A la prise de conscience de ma « descente aux enfers » (à ma dépression dite « sévère » s’était greffé l’alcoolisme), je ne voyais plus que deux issues.

A plusieurs reprises, j’ai tenté la plus facile (et la plus débile) mais j’ai échoué.

Il me fallait donc continuer à vivre. Mais plus comme ça !

Pour reprendre ma vie en mains, j’ai eu recours à la psychothérapie et accepté une hospitalisation en psychiatrie. Là, chaque soigné reçoit des outils, avec lesquels il est appelé à construire par lui-même, son édifice.

Pour grave qu’elle soit, ma dépression a eu au moins cette vertu : m’obliger à faire le point sur ma vie, mieux me connaître. Ainsi, j’ai pu transformer mon expérience douloureuse en expérience de réflexion et d’introspection, construire par moi-même l’édifice de mes propres convictions, en travaillant sur des « matériaux » qu’il m’a fallu dégrossir, avec l’idée d’élaguer les erreurs pour progresser.

A noter que l’hypnose erycksonnienne peut également être une excellente thérapie de l’estime de soi.

  • · Trouver que je suis quelqu’un de bien avec ses qualités et ses défauts
  • · Sentir que je progresse et que je tire des leçons de la vie.

Il y a 7 ans, j’ai rencontré un autre homme. Depuis, je suis abstinente au niveau de l’alcool. Membre d’une association philosophique mal estimée par mon ex-ami prêtre, j’ai repris cette activité où je me sens épanouie et valorisée.

Je vis sereinement le présent. De mon passé, pas simple et même plus qu’imparfait, je ne tire que des leçons. Quant à l’avenir… on verra bien demain !

Reste que, comme Aragon et Jean Ferrat, je suis toujours convaincue que « La femme est l’avenir de l’homme ».

Nous la remercions vivement de cette contribution. C’est comme une présence “à distance”.

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Prochaine rencontre Samedi 28 septembre 2013 à Lourmarin.

Merci de vous inscrire.
Vous recevrez les indications nécessaires pour nous rejoindre.

Au cours de cette rencontre, se tiendra aussi l’Assemblée générale.