Célibat ? De hier à aujourd’hui, rien n’a changé !

J’ai retrouvé par hasard ce témoignage. Il date du 25 février 2003.
Je n’hésite pas à vous le transférer.
J’y ajoute seulement une question : qu’est-ce qui a bougé depuis dans cette église qu’on qualifie trop souvent d’immobile et d’immuable ? 

Père de 3 enfants, un prêtre relance le débat du célibat des ecclésiastiques
ALENCON, 24 fév (AFP) –

Un village de l’Orne a connu début février un micro-séisme religieux, après la découverte d’un courrier où Olivier, le fils aîné du prêtre catholique de la paroisse, y dévoile sa filiation. Une histoire qui a conduit l’évêque du diocèse à demander au prêtre de reconnaître officiellement ses trois enfants.

L’église du village est en travaux mais résonne encore des discussions alimentées par la lettre, dans laquelle les paroissiens ont découvert que le curé de la paroisse cachait depuis une quarantaine d’années sa relation avec une femme aujourd’hui âgée de 55 ans, et l’existence de trois enfants nés de cette union.

Le sujet semble tabou dans ce village de 800 habitants, où le maire et les autres élus ne veulent pas s’exprimer. « C’est un homme comme tout le monde, je ne critique pas », lance un habitant.

« Les paroissiens comprennent, je crois, le geste d’Olivier… Moi, j’ai compris ce geste », considère Mgr Jean-Claude Boulanger, qui, après cette lettre, a pris une sanction envers le prêtre: « Ma sanction c’est qu’il reconnaisse sa paternité, on est dans une telle situation qu’il n’y a pas d’autre solution ».

« Il peut reconnaître ses enfants, ce n’est pas à son âge que l’Eglise va le mettre à la porte », ajoute l’évêque.

« Il y a aujourd’hui de l’aigreur dans cette histoire », constate l’évêque, arrivé dans le diocèse en 2002 et qui « admire le courage qu’elle (Françoise, la mère d’Olivier, ndlr) a eu pour élever ses enfants ».

« Nous soutenons Olivier et Françoise dans leurs souffrances, et je suis prêt à les rencontrer », assure Mgr Boulanger. « Si ce chemin avait été fait il y a 30 ans, on n’en serait pas là aujourd’hui », estime-t-il.

« Il (le prêtre, ndlr) dit qu’il est paumé, qu’il ne sait pas quoi faire… Il veut +qu’on lui foute la paix+ », explique l’évêque, qui considère le prêtre comme « irresponsable », et « immature tout en étant généreux ».

« Question de fond »

Derrière cette histoire qui a marqué une famille et un village, et suscité l’émotion au sein du diocèse, « il y a une question de fond », considère Mgr Jean-Claude Boulanger, qui, contrairement à bon nombre de responsables religieux, n’hésite pas à aborder la question du célibat des prêtres catholiques.

« On peut aimer une femme, ça se comprend », explique l’évêque, « on a déjà des diacres mais c’est difficile. Il faut avoir le temps de s’occuper de sa famille ou il faut qu’on envisage une autre manière de sacerdoce: on donne tout à son ministère ».

« On a des discussions à ce sujet mais c’est difficile », selon Mgr Boulanger qui évoque notamment le problème du salaire des ecclésiastiques, insuffisant selon lui pour faire vivre une famille.

Pour que le célibat soit possible, « il faudrait qu’il y ait un autre statut du prêtre au sein de l’Eglise catholique », estime l’évêque.

Aujourd’hui, le prêtre concerné est à la retraite, une retraite intervenue à 80 ans au lieu des 75 ans habituels.

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PARIS, 24 fév (AFP) – Femmes de prêtre, elles dénoncent le refus de l’Eglise de parler du célibat

Femmes de prêtre, elles ne « veulent plus se taire » et dénoncent la fermeture de l’Eglise catholique au débat sur le célibat obligatoire des ecclésiastiques, et sur le sort des enfants nés de ces unions.
Un évêque normand vient de demander à un prêtre de son diocèse de reconnaître ses trois enfants. Mais son geste, intervenu après la révélation de l’affaire par le fils aîné, n’est pas pour rassurer la responsable de l’association « Plein jour », qui craint que l’Eglise ne « se crispe encore plus ».

« C’est leur tactique: ils veulent tout réduire à des cas particuliers. Hélas ce n’est pas un cas particulier », explique Nicole, qui préfère ne pas donner son nom.

« Des cas comme celui-là, on en connaît des centaines. Impliquant des prêtres, mais aussi des évêques. La dernière naissance connue remonte à six mois », dit Marie-Brigitte Pasquier, ancienne présidente de l’association, qui reçoit des témoignages sur une ligne téléphonique d’urgence.

« Et il y a les femmes qui vivent cachées, parce qu’elles ont peur de perdre leur ami », ajoute Mme Pasquier, qui vit avec un prêtre depuis 10 ans.

Quand une naissance s’annonce, « si ça se sait, hop on mute ». « Tout est secret, caché, et traité au cas par cas. Certains évêques passent l’éponge, à condition que le prêtre ne revoie plus cette femme », dit Nicole. « On peut aussi faire signer un protocole d’accord: la femme s’engage à ne pas présenter l’enfant au père, celui-ci à ne pas le voir avant ses 18 ans, et la mère reçoit une pension », ajoute Mme Pasquier.

Dans les faits, l’attitude paternelle varie: certains reconnaissent d’emblée leur progéniture, d’autres non, d’autres encore finissent par le faire après quelques mois, quittent leur ministère et épousent la mère.

« Qu’on change cette règle du célibat obligatoire, qui fait mal, qui abîme les hommes, les femmes, les enfants. En tant que femmes, on ne veut plus se taire, on n’a rien signé, on existe, ils ne pourront pas faire sans nous. Qu’on puisse au moins en discuter collectivement… Les prêtres pourraient réagir, mais il sont prisonniers d’une règle, il se sentent pris par leur parole, » ajoute Mme Pasquier.

Car pour ces deux militantes, l’attitude de l’Eglise « s’est encore durcie » ces dernières années: « Nous avons été à trois reprises à Rome. Nous avons été traitées d’objets de péché. En France, nous avons adressé des pétitions à la Nonciature, nous n’avons jamais reçu de réponses. »

Interrogé par l’AFP, le secrétaire général de la conférence des évêques de France, Mgr Stanislas Lalanne, n’a pas souhaité s’exprimer.

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CAEN, 24 fév (AFP) – Le combat de Françoise, femme de prêtre et d’Olivier, fils de prêtre

Françoise, la compagne d’un prêtre avec lequel elle a eu trois enfants, lutte pour qu’un dialogue s’installe au sein de l’Eglise sur le célibat des prêtres de l’Eglise catholique. Depuis peu, son fils aîné Olivier est sorti à son tour de l’anonymat pour dénoncer « l’hypocrisie de l’Eglise ».

« J’ai gardé ça pendant vingt ans pour moi toute seule », explique Françoise avec émotion. Son histoire d’amour avec celui qu’elle appelle « son ami » dure depuis près de 40 ans, et désormais elle ne veut plus se cacher. Fin janvier, elle témoignait de sa situation dans un Envoyé Spécial (France 2) consacré aux compagnes de prêtres.

« Je ne l’ai pas fait pour accuser mon ami, je l’ai fait pour moi, pour les enfants et tous ceux qui sont dans notre situation », assure Françoise.

« Je ne me suis jamais sentie coupable d’aimer un prêtre, mon seul regret est par rapport aux enfants, de n’avoir jamais su leur expliquer », concède-t-elle.

Cette ignorance de l’identité du père, Olivier, 33 ans, l’a douloureusement vécue. « Rien à inscrire en face de nom et profession du père, personne à qui donner un cadeau pour la fête des pères (…) », énumère-t-il dans une lettre distribuée dans la paroisse où officiait son père et envoyée à l’évêque de Sées le 5 février.

Les questions des enfants sur leur père, Françoise les a éludées. « Les enfants, quand on leur répond pas, on leur dit +tu sauras quand tu seras plus grand+… A force de ne pas répondre, ils ne posent plus de questions », raconte-t-elle.

« Au premier enfant, mon ami m’a dit qu’il ne se sentait pas capable d’assumer sa paternité, c’était l’Eglise avant tout. Il y a eu des discussions entre l’évêque et lui: il restait prêtre et s’engageait à ne plus nous revoir. On s’est séparés quelques années, puis on est revenus ensemble », se rappelle Françoise.

« le prix du silence »

« Il y a eu transaction avec l’évêque de l’époque pour m’aider à élever Olivier », explique-t-elle. Une transaction consistant en une pension de 900 francs (140 euros environ) qu’Olivier dénonce comme « le prix du silence ».

« Il y a plusieurs années, en 1989, j’ai découvert l’existence de mon père dans des correspondances (…). Maintenant, si j’allais encore à l’école j’écrirais: +Nom du père: XXX profession: Prêtre+ », déclare amèrement Olivier dans son courrier.

La première rencontre entre Olivier et son père, il y a plus de dix ans, est loin de lui avoir laissé un bon souvenir: « il ne pouvait pas lâcher ses paroissiens qui avaient besoin de lui, c’est facile comme réponse, maisa-t-il pensé que j’avais, que nous avions besoin de lui ? ».

« La réaction de mon ami n’a pas été adroite », confesse Françoise. Les autres enfants, deux filles âgées de 26 et 31 ans, ont eu une réaction assez différente, la plus jeune est restée indifférente, tandis que l’aînée a semble-t-il accepté la situation, selon Françoise.

Le prêtre, âgé de 80 ans, est à la retraite depuis début février. « Il tourne en rond dans le presbytère. Il est perdu. Qu’on le laisse tranquille », demande Françoise.

« Il est âgé, et je n’ai aucune envie de le laisser partir sans n’avoir rien fait, c’est trop facile », estime Olivier qui dénonce « l’hypocrisie de l’église » concernant « le nombre de personnes concernées par ça et la souffrance de tous les enfants et femmes de prêtres ».